Séminaire organisé par Jean-Marc Besse 26 Janvier-11 Mai 2021 Campus Condorcet
Le séminaire sera organisé en visio-conférence
Dans le prolongement des séminaires consacrés les deux dernières années à la théorie du paysage, on propose d’ouvrir une enquête sur un mot renvoyant tout à la fois à une réalité, à une métaphore, et à une revendication : Terre. Il s’agit, plus précisément, d’interroger une figure qui se répand assez largement dans les discours contemporains : celle du retour sur Terre.
On observe aujourd’hui une prolifération de propositions, et de préoccupations, visant à « faire revenir la Terre », pour ainsi dire, dans les horizons de la pensée et de l’action. Il ne s’agit plus cependant de partir « à la découverte de la Terre ». Mais, dans les domaines de l’écologie, de l’anthropologie, de la politique, de la philosophie, de l’esthétique, s’installe et se développe l’idée d’une réflexion sur la nécessité de prendre en compte la Terre comme socle, élément, ou forme, de la vie humaine. « Revenir sur Terre », donc, comme à une condition pour l’élaboration de nouvelles formes de vie, individuelles et collectives, dans lesquelles les dimensions du « terrestre » seraient considérées comme fondamentales.
L’investigation ouverte au sein du séminaire est double. Il s’agit, d’une part, de poser la question : sur ou vers quelle Terre fait-on retour ? Il semble nécessaire d’analyser les usages, présents et passés, dans les sciences, les arts, la philosophie, de cette référence à la Terre. Et pour cela d’ouvrir une enquête historique et philosophique. Mais il s’agit, d’autre part, d’interroger les figures métaphoriques de ce retour (l’abordage, ou l’atterrissage, par exemple), et surtout d’essayer d’éclaircir ce que portent ces figures de retour, ce qu’elles veulent donner à penser, et à vouloir.
Le fil conducteur de cette enquête, ou plutôt son espace d’observation, sera constitué principalement par la géographie. Faire retour sur Terre, n’est-ce pas, en un certain sens, revenir à la géographie ? Précisément parce que la géographie est à la fois description de la Terre et écriture sur la Terre ? Mais, encore une fois, laquelle ? Et comment la géographie, sur les plans du savoir, de l’imaginaire, des pratiques de l’espace, s’est-elle confrontée, et peut-elle encore aujourd’hui s’articuler aux propositions et interrogations artistiques, philosophiques, politiques sur ce qu’il en est du lien, de l’attachement, ou de l’appartenance, au « terrestre » ?
Dans le cadre d’une investigation sur le paysage comme espace, forme et condition des expériences sensibles, le séminaire des années précédentes a parcouru les perspectives d’une relation non territorialisée à la Terre. C’est également cet horizon d’une géographie non territoriale, dont le paysage serait le nom, que l’on proposera d’explorer cette année.